16/09/2019
Enfin...
Enfin, il en aura fallu des déjeuners, des compromissions, des embrassades, des compliments qui donnent la nausée, des rencontres avec des hommes politiques qui donnent envie de déchirer sa carte d'électeur.
Mais bon, la fin justifie les moyens !
Je ne crois à rien de tout ça.
Je crois à-la-ré-u-ssi-te !
Je la vois déjà ma flotte de camions.
Je les vois déjà, mes ouvriers qui me saluent servilement.
Et pour cause... Je serai bientôt le seul employeur de la région.
À moi, les suppliques du Maire et du Préfet, les salaires bas, les heures supplémentaires gratuites !
À moi, les éleveurs qui vont faire la queue pour que j'achète leurs peaux !
À moi les tanneurs qui vont polluer les rivières, et empuantir une région..
Et tout ça pour vendre des sacs à "la ménagère de moins de cinquante ans" qui se rêvera bourgeoise le temps de l'achat, devant une vendeuse soumise mais qui n'en pense pas moins...
A moi, les bénéfices engrangés grâce aux touristes qui passent trois jours à Paris pour acheter des sacs qui sont parfois fabriqués chez eux.
Oui... La tannerie c'est pour le "Made in France"...
Ailleurs, c'est pour le profit.
09:30 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : le goût, lakevio, jeu, devoir, tête vide
09/09/2019
Il me reste mon portrait
Je regarde le tableau.
Je suis dubitative.
C'est comme ça qu'il me voit...
C'est vrai, je suis toujours hésitante.
Lorsqu'il a demandé à faire mon portrait, j'ai dit "oui !" tout de suite.
Il me plaisait.
L'homme, pas le peintre.
Nous nous étions rencontrés dans un petit restaurant.
Un lieu très branché, "mi-gay mi-chou".
Ça sentait l'école de commerce.
Le concept avait été étudié. Et bien.
Le service était rapide, efficace et amical.
J'étais seule, lui aussi.
On nous avait placés à la même table.
Je n'ai pas ouvert mon livre, j'ai écouté.
J'ai accepté de poser pour lui.
Il avait un atelier Villa des Arts que la lumière inondait.
Il ne parlait plus, il travaillait, il était courtois mais distant.
Le dernier jour, alors qu'il dévoilait la toile, un homme est entré.
"Mon" peintre m'a présentée à son compagnon.
C'est toute juste si on ne m'a pas demandé un don d'ovule...
09:35 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jeu, le goût, devoir du lundi
26/08/2019
Les lilas blancs
Il devait être là dimanche...
Encore un voyage d'affaire de l'homme pressé qui descend d'un avion pour monter dans un autre.
Il est arrivé mercredi avec un bouquet de lilas, du lilas blanc en plus !
C'est un homme absent qui ne connaît rien aux fleurs.
Couper le lilas, c'est le faire mourir à moins que ce ne soit une parabole de notre couple.
Avant... Avant il ne serait pas arrivé en retard ni avec du lilas.
Lorsque je l'ai connu, il était marié à une autre.
On dit que les hommes mariés ne divorcent jamais mais lui a divorcé pour moi.
Il n'a pas changé.
Aujourd'hui, je suis l'épouse et c'est l'autre qui a droit aux weekend dans des coins délicieux.
Ces coins qui abritent souvent des gens mariés mais pas ensemble...
Il picore dans son assiette.
Elle boit dans son verre.
Le soir, avec elle il n'a pas sommeil...
Dire que je vais lui repasser ses chemises !
Oui il veut que je le fasse !
Il paraît que je repasse mieux que la femme de ménage.
Mais c'est "elle" qui la lui retirera et la froissera...
Les hommes ne changent pas.
Les femmes non plus.
Je commence une belle histoire avec son associé.
Il divorcera pour moi, ce n'est qu'une question de temps...
09:41 | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : le goût, lilas, explication, mensonfe
12/08/2019
Le doigt de Doisneau
Ah ! Les garçons dans les vestiaires...
Deux sœurs, une tribu de filles et, dans ma rue, pas de garçon.
Enfin un seul.
Un seul garçon et, lorsque j'entends son nom sur les ondes car il est journaliste sportif, je pense à lui.
Je suis sûre qu'il s'agit d'un homonyme mais quand même, je pense à lui.
Ce pauvre garçon avait peur de son ombre et vivait un calvaire au milieu de toutes ces filles.
Il faut avouer que nous n'étions pas tendres avec lui.
Nous l'avons enfermé dans une cave sans lumière malgré ses supplications.
Nous l'avons obligé à sauter d'un muret que toutes les filles sautaient sans problème.
Je ne l'ai jamais vu en classe mais si les filles le faisaient tourner chèvre, j'imagine ses tourments au milieu d'une bande de garçons.
Il était bien le genre à se laisser arracher la dent par un copain et à se faire piquer les sous de la petite souris.
J'espère pour lui qu'il a croisé un Doisneau, un Ronis, un Boubat, il aura peut être alors connu une période de paix pendant que sa photo faisait la une...
C'est malin ! Le Goût vient de me faire retomber en enfance.
09:06 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : doisneau, le goût, école
05/08/2019
Dans la maison vide.
Dans la maison vide, je compte les heures et j'attends.
Un soir, attirée par toute cette verdure, tout ce calme, je me suis attardée.
Il était tard, la maison était abandonnée depuis peu, on s'attendait à sentir le café, les portes n'étaient pas fermées, je suis entrée et comme Boucle d'Or, j'ai choisi ma chambre et je me suis endormie.
Au matin, pas d'ours, pas de prince charmant et pas d'odeur de café.
Mais j'ai trouvé du café, j'ai choisi ma table et je me suis installée là.
J'ai bu "mon" café et je suis rentrée chez moi.
Petit à petit, j'ai amené des provisions, si vous passez par là, vous sentirez l'odeur du café et le pain grillé et chaque soir, j'attends.
J'attends le retour du propriétaire, j'ai un peu exploré la maison, c'est un homme qui vit là, et il vit seul, j'en ai fait un aventurier.
Il n'est pas défendu de rêver.
Il n'est pas défendu d'attendre, et mon prince charmant ne fera peut être pas attention à mon bec de lièvre.
Qui sait... Un baiser peut le faire disparaître.
Ou me transformer en grenouille...
Je suis prête à tout pour changer ma vie misérable de gratte-papiers.
09:46 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : jeu, le goût, devoir, verdure